Description
scientifique

Morphologie
Les algues du groupe des caulerpales n’ont pas de parois cellulaires
internes, les nombreux noyaux et plastes sont donc dispersés dans
un cytoplasme commun. Toute l’algue n’est donc qu’une
seule cellule. Elle est siphonée ou coenocytique. De très
nombreux piliers membraneux donnent la rigidité de l’algue.
La paroi du thalle est faite de xylane.

Le
stolon
Caulerpa taxifolia est une algue verte présentant, comme
son étymologie l’indique un axe rampant : le stolon de 1
à 2 mm de diamètre. Ce stolon peut atteindre plus d’un
mètre de long.
Les
rhizoïdes
Le stolon est fixé sur le fond par des rhizoïdes. Ces derniers
pénètrent et s’adaptent à la texture du fond
: roche, sable, vase, herbier à Posidonie.
Les
frondes
Le stolon porte des frondes simples ou ramifiées de 1,5 cm de large,
5 à 65 cm de hauteur. Ces «feuilles» sont très
belles, elles ont une couleur d’un vert éclatant et sont
finement pennées. Chaque fronde porte de part et d’autre
de son axe plusieurs dizaines de pinnules. Leur taille est très
variable :
- dans les zones où la lumière est importante, donc à
faible profondeur, les frondes sont courtes (5–10 cm)
- dans les zones où la lumière est moins importante, donc
en profondeur, en hiver, elles peuvent atteindre plus de 60cm.
Une algue exceptionnelle
Origine
Caulerpa taxifolia est originaire des régions tropicales ;
on la trouve dans de nombreux endroits (Pacifique, Atlantique, Océan
Indien, Mer Rouge…). Elle est relativement rare dans son biotope
naturel et ne peut pousser dans des eaux de température inférieure
à 20°C.
Mais en 1984, Caulerpa taxifolia a été observée en
Méditerranée, pour la première fois au pied du Musée
océanographique de Monaco par Alexandre Meinesz. Selon lui, son
arrivée serait dû à une introduction par l’aquarium
de Monaco. Une autre hypothèse que défend d’autres
chercheurs pour décharger la Principauté de Monaco de toute
responsabilité serait que cette algue serait venue par le Canal
de Suez donc naturellement. Mais cette deuxième théorie
est fausse.
Caractéristiques
particulières
L’algue utilisée en aquariophilie supporte les conditions
méditerranéennes. Elle a une résistance exceptionnelle
à l’émersion, à la déssalure et aux
basses températures. Elle pousse rapidement et est très
décorative. Cette souche est donc une espèce mutée
qui présente des caractéristiques exceptionnelles de taille,
de vitesse de croissance, de densité, de résistance au froid.
C’est
une algue pérennante (qui vit plusieurs années) dont les
frondes disparaissent, blanchissent mais dont une partie du stolon subsiste
pendant la saison froide. En effet, elle peut supporter sous forme létale
des températures pouvant aller jusqu'à 5-6 degrés
puis reprendre sa croissance lorsque les températures sont comprises
entre 13,5 à 16 degrés.
Croissance
En Méditerranée, la croissance de cette algue est maximale
au début de l’été, la croissance journalière
des stolons peut atteindre 32mm.
La croissance est de plus en plus rapide de 15°C à 30°C
pour Caulerpa taxifolia de Méditerranée avec un
maximum de 30°C tandis que la même algue des Caraibes a une
croissance qui commence à 20°C, qui est maximum à 28°C
et régresse à 30°C.
Température
de survie
En chambre de culture, les premières études comparatives
ont montré que Caulerpa taxifolia de Méditerranée
pouvait survivre à 10°C pendant 3 mois alors que celle de Guadeloupe
disparaît en dessous de 20°C. En effet, l’aire de Caulerpa
taxifolia des zones tropicales est limitée au Nord et au Sud
par l’isotherme de 20°C.
Reproduction
Les
Caulerpales ont une reproduction sexuée assez particulière
(Fig. n°4) : quelques jours
par an, chez certains individus, tous les noyaux s’associent à
un plaste, s’entourent d’une membrane et se transforment en
gamètes mâles ou femelles. Ceux ci sont tous expulsés
par des petits orifices, ce qui entraîne la mort de toute la plante
(puisqu’elle est vidée de son contenu).
Caulerpa taxifolia est monoïque. Les gamètes mâles
et femelles se ressemblent beaucoup et ont la forme d’une goutte
d’eau avec deux flagelles. Leur fusion donne le zygote qui se développe
en 2 stades intermédiaires avant de donner une plante adulte. C’est
donc un cycle avec une seule génération (voir schéma
ci-dessous).
La reproduction sexuée chez Caulerpa taxifolia introduite
en Méditérrannée n’a jamais été
observée.
Elle se reproduit seulement par bouturage.
Toutes les colonies d’algues méditerranéennes ne sont
donc qu’un seul individu qui a été ‘cloné’
des millions de fois.
C’est pourquoi, il est très facile de disséminer l’algue
: ancres des bateaux, filets des pécheurs, courants…
Cycle théorique
de la reproduction de Caulerpa taxifolia dans les mers tropicales :

Photosynthèse
et nutrition
La
photosynthèse fonctionne grâce aux plastes verts dans les
frondes et les produits élaborés circulent dans les stolons
pour alimenter des parties très éloignées.
A côté de ce mécanisme, la Caulerpe est capable de
dissoudre l’apatite, forme minéralsée du phosphate
de calcium accumulée dans les sédiments, et d’absorber
ainsi le phosphore par ses rhizoïdes. De plus, elle peut aussi absorber
des acides aminés, ce qui montre une aptitude à l’hétérotrophie.
Aussi, des bactéries (Rhodopseudomonas) sont présentent
dans les rhizoïdes. Elles possèdent le gène nif (nitrogen
fixation) permettant la fixation de l’azote.
Toxicité
De nombreux végétaux, dont plusieurs espèces algales,
synthétisent des substances toxiques qui les protègent des
prédateurs (herbivores), ou des compétiteurs (autres espèces
sessiles).
Chez Caulerpa taxifolia, le risque pour la santé humaine,
la faune et la flore locales ont été mis en évidence
par des toxines du groupe des terpènoides et des composés
azotés.
Les principales toxines chez Caulerpa taxifolia sont la Caulerpine,
la Caulerpicine et la caulerpényne qui est caractéristique
du genre Caulerpa et majoritaire. Elle représente 0,1
à 13% du poids sec pour la souche méditerranéenne
et seulement 0,1 à 2% pour les souches tropicales. L’ensemble
des autres métabolites secondaires minoritaires représentent
un peu moins de 0,004% du poids sec de l’algue en méditerranée.
Ces métabolites ne peuvent toute fois pas être négligés,
leur action sur les organismes vivants pouvant être spécifique
à de faibles doses et/ou de manière synergique. La caulerpényne
présente des effets antibactériens, antiviraux, antifongiques,
cytotoxiques, ichtyotoxiques, répulsifs et inhibe l’activité
de certaines enzymes. Elle a un effet toxique sur les œufs d’oursins
(Paracentrotus lividus) en entraînant l’inhibition
des événements du cycle cellulaire proche de la mitose.
Certains ciliés sont sensibles à différentes terpènes
de la Caulerpe. La croissance des micro-algues est aussi inhibée
en présence d’extraits de Caulerpa taxifolia ou
de Caulerpényne purifiée.
De même, la sensibilité de certaines souches de bactéries
marines (gram+) conduit à une importante modification des populations
bactériennes des sites colonisés. Une discontinuité
dans la chaîne trophique menant aux espèces de grandes tailles
existent probablement dans les régions densément peuplées
par l’algue.
En collaboration avec le projet
Id-Bio, tuteuré par M. De Vaugelas, U.N.S.A. , Faculté
des Sciences.
|